lundi 13 novembre 2017

Raymond Troye, écrivain révélé dans la tourmente de la guerre.




Troye, Raymond -  Ghislain - Renelde

Gouy-lez-Piéton, le 2 juin 1908 - 2003

Raymond Troye (Coll. C. Van Cuter)



Raymond Troye est le fils d’Augustin, mineur et de Léa Hubbart. Il débute dans la vie active en qualité d’employé. Sa maman est française d’origine.

Raymond Troye enfant (Coll. C. Van Cauter)
Raymond Troye épousera Yvonne Montfort qui lui donna une fille. Le jeune couple s’installera au n° 488 A, rue Jean Jaurès à Montignies-sur-Sambre.
 
Raymond Troye et son épouse (Coll. C. Van Cauter)



 Appelé sous les drapeaux le 12 février 1927, il s’engage comme soldat volontaire à l’armée pour deux ans. Il est intégré au 2ème Régiment de Chasseurs à pied. Le 1er avril de la même année, il est nommé caporal et le 16 avril de l’année suivante, il est promu sergent. Il rempile pour un an en 1931 et en 1932. Il se réengage pour une période de quatre ans le 30 juin 1933. 
 
Raymond Troye - Berverloo 1934-35 (Coll. C. Van Cauter)
 Il devient adjudant par assimilation le 11 avril 1936 et sous-lieutenant le 26 décembre 1936. Quoiqu'il ne fût pas issu de l’École royale militaire, il prête serment le 4 janvier 1937. Deux ans plus tard, le 26 décembre 1939, il est nommé lieutenant.

Lors de la Seconde guerre mondiale, le lieutenant Troye fût cité à l’Ordre du Jour de l’armée. : « Commandant de Compagnie énergique, s’est signalé aux combats de la Lys par son calme, sa belle bravoure et son esprit de sacrifice : le 24 mai 1940, en dirigeant adroitement, au contact étroit de l’ennemi, le repli prescrit de son unité de la position de la Lys sur celle du canal de dérivation : le 25 mai, commandant d’une compagnie de premier échelon soumise dès l’aube à de violents tirs d’artillerie, a contenu l’attaque en front durant toute la journée et empêché le franchissement du canal dans son quartier ; débordé sur sa droite dans l’après-midi, coupé de toute communication avec son commandant de bataillon, a continué la résistance jusqu’à épuisement de ses munitions, son unité ayant livré un dur combat et subi des pertes sensibles ».

Capturé aux environs de la Lys à Deinze, il est emmené en captivité en Allemagne en tant que prisonnier de guerre. Dans un courrier adressé à son épouse, il écrit avoir perdu des effets personnels dont son carnet et ses coffres ainsi que son vélo.

Dans un premier temps, il séjourne quelques jours dans un camp de transit à Dortmund avant d’être transféré en Bavière à Eichstätt  (Oflag VII-B). Fin août 1942, il est envoyé à Fischbeck (Oflag XD) près de Hambourg. De nouveau transféré, il passe les deux dernières années du conflit à Prenzlau (Oflag II-A) dans les environs de Berlin.

Raymond Troye - Eichstätt  (Oflag VII-B) (Coll. C. Van Cuter)
Photo de groupe - Eichstätt  (Oflag VII-B) (Coll. C. Van Cuter)

Cependant, dans un courrier adressé à son épouse le 27 décembre 1940, Raymond Troye évoque une éventuelle libération pour fin janvier 41 suite aux démarches d’un prénommé André. Démarches qui, malheureusement, n’aboutiront pas.

Lors de sa captivité en oflag, Raymond Troye se lance dans l’écriture afin de vaincre l’oisiveté forcée dont il est l’objet au même titre que les autres officiers dans sa situation. La Convention de Genève interdit de faire travailler les officiers captifs.





Raymond Troye - Eichstätt  (Oflag VII-B) (Coll. C. Van Cuter)

Raymond Troye écrira quatre romans, une pièce de théâtre et un recueil de poésie. Deux de ses romans seront publiés en 1946 et 1947. Il s’agit de « Meurtre dans un oflag » écrit à Eichstätt et de « Le pharmacien de Chantenelle ».

L’intérêt du roman  « Meurtre dans un oflag » réside dans le fait que l’action se déroule dans le microcosme d’un camp de prisonniers de guerre durant la Seconde guerre mondiale et raconte au quotidien la vie des prisonniers de guerre.

L’histoire : Après une représentation théâtrale, un meurtre est commis. André Jadin a été assassiné ! 

Francen pense défaillir de joie ! Son ex-ami d’enfance, son pire ennemi est mort. Sujet à des pertes de conscience dues à un éclat de shrapnel, Francen se persuade qu’il est le meurtrier. 
Collection de l'auteur
Un de ses compagnons de captivité et policier dans le civil, Ledru décide de mener l’enquête et l’entraîne dans son sillage… L’intrigue est originale. Les preuves matérielles et les moyens manquent ! Francen est-il coupable ? Ledru le démasquera-t-il ?

Il est bon de préciser que « Meurtre dans un oflag » connut une première édition manuscrite déposée à la bibliothèque de l’Oflag II-A.

Raymond Troye écrit dans son journal à la date du 18 septembre 1943 :

"J’ai terminé « Meurtre dans un oflag ». Il ne me satisfait qu’à demi, tant par la forme que par le fond. Tout ce que nous faisons en captivité est, je crois, voué à la médiocrité. Je ne suis pas seul de cet avis. Robert Van Nuffel, qui vient de publier « Prélude » me le disait l’an dernier, quelques semaines avant notre départ d’Eichstätt. Tout nous dessert, les conditions de travail, notre état d’âme perpétuellement inquiet et jusqu’à la qualité du papier que nous employons. Selon moi l’œuvre d’art doit naître dans l’euphorie et la guerre est son plus grand ennemi".
 
Fischbeck (Oflag XD) (Coll. C. Vancauter)
Cependant, il écrira dans son journal en date du 1er juin 44 :
« Convoqué chez le général Michiels, un de nos plus hauts chefs, H. avait oublié chez lui mon roman « Meurtre dans un Oflag ». Le général l’a lu et l’a trouvé beau et intéressant. Je puis sonner à sa porte quand je veux, il m’aidera à me faire éditer. C’est pour moi un événement considérable. Le plus élevé de nos chefs s’intéresse à mon œuvre. Quel encouragement ! Il m’a reproché quelques faiblesses de style. Avec raison. Je vais tenter de m’amender. »

Deux romans de Raymond Troye seront édités en 1946 et 1947 : Meurtre dans un oflag et Le pharmacien de Chantenelle. Il a également  deux autres romans, une pièce de théâtre et un recueil de poèmes  à son actif. Ces cinq ouvrages n’ont jamais été publiés. Il s’agit de J’ai tué mon père (roman policier), L’épée d’argile (roman), Jamais deux sans trois (comédie en un acte) et Les fontaines perdues (poésies). Ils ont été aussi écrits en captivité.

Rapatrié le 9 juin 1945, Raymond Troye  obtient un congé de repos de trois mois et rejoint les siens. Pour la première fois, il peut serrer dans ses bras sa fille.

Le 1er octobre 1945, il est désigné pour le 1er Centre de Renfort et d’Instruction. Il est nommé capitaine au 26 mars 1945 (sic) par Arrêté royal du 23 juin 1947 et capitaine-commandant.

Raymond Troye et sa fille 5 mars 1949 (Coll. C. Van Cuter)

Par la suite, il donne cours à l’École royale militaire et la Direction de l’Éducation  des Forces Armées  publiera sa brochure intitulée « De la tolérance » en 1951. Cette même année, il est promu Capitaine –Commandant par Arrêté royal du 26 décembre 1951. 

Collection de l'auteur
 Le 1er juillet 1959, Raymond Troye est admis à la pension.

Quelques temps avant sa mort son petit-fils et sa petite-fille découvrent ses écrits ainsi que son journal de captivité et son courrier. Après le décès de son grand-père, Hélène Van Cauter contacte les Éditions Labor qui décident de rééditer "Meurtre dans un oflag" en 2006.

Distinctions honorifiques :

Croix de Guerre 1940 avec palme.
Médaille commémorative de la Guerre 40-45 avec 2 sabres croisés.
Médaille du P.G. avec 5 barrettes.
Chevalier de l’Ordre de la Couronne.
Chevalier de l’Ordre de Léopold.

Sources bio-bibliographiques


Sources familiales

Entretien avec sa petite-fille Catherine Van Cauter.
http://oflag.skynetblogs.be/

Sources électroniques



Sources papiers

Hermans, Willy

Petit dictionnaire des auteurs belges de littérature policière

Heuchon, Luc

Meurtre dans un oflag par  Raymond Troye :
Texte d’introduction pour la partie consacrée à Raymond Troye de l’exposition
« Prisonniers de guerre courcellois » ayant eu lieu à la Maison de la Laïcité de Courcelles du 11 au 23 mai 2009. Organisation de la Bibliothèque communale de Courcelles.


Bibliographie


De la tolérance
. – Bruxelles : [Ministère de la Défense nationale], Direction de l’Education des Forces
     armées, 1951
. – 32 p.
. – (La vie courante, 44)

Meurtre dans un Oflag / préf. Par Michiels
. – Bruxelles : Dessart, cop. 1946
. – 180, 4 p.

Meurtre dans un Oflag : roman
. - Loverval : Labor, 2006
. – (Espace Nord)

Le pharmacien de Chantenelle
. – Bruxelles : Ed. Atalante, 1947
. – 283 p.

De Verdraagzaamheid
. – Brussel : M.L.V., Directie Opvoeding bij de Gewapende Machten, 1951
. – 35 p.
. – (Het Dagelijks Leven, 44)

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