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Claudy
- Foire artisanale Courcelles 2014 - Photo de l'auteur
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C’est
avec une certaine émotion car, connaissant Claude Louis Bastin
« depuis tout gamin » que, je vais essayer de vous narrer
son parcours de vie d’homme et que sa pratique appelait "Claudy"
Figure
courcelloise très connue des anciens, Claudy a fait partie jusqu’à
sa mort du paysage économique et culturel courcellois.
Ce
farouche « courcelgnan » a poussé ses premiers cris le mercredi 28
mai 1941 à la Maternité Reine Astrid à Charleroi.
Claudy
était le fils d’Anne-Marie Jacobs (1) et de René Bastin (2). Ses
parents unirent leurs destinées à Courcelles le 26 novembre 1938.
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Anne-Marie
Jacobs et Claudy - Archives Famille Bastin©
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René
Bastin à l'âge de 68 ans (1985) - Archives Famille Bastin©
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Une
hérésie pour Pa Bastin (3) dit El Catula car, Anne Marie Jacobs
était fille de flamands, certes établis à Courcelles, mais,… .
Et, pour Pa Bastin, un travailleur flamand équivalait à la mise au
chômage d’un travailleur wallon.
Pa
Bastin ne montra jamais aucun signe d’affection envers son
petit-fils Claudy, « èl djoûne dèl flamindje » (le
fils de la flamande). Pourtant, le petit Claudy n‘aurait jamais osé
passer outre de l’impasse « ô fond dèl coumèn » à
la rue Hubert Bayet pour le saluer. Surtout si, son grand-père était
sur le pas de sa porte fumant sa grosse pipe d’écume.
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Pa
Bastin dit "El Catula" et un plan de tabac -
Archives Famille Bastin©
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Qui
plus est, Claudy faisait pour lui de menues courses dans les
commerces du Trieu. Malgré l’attitude de son grand-père paternel
à son égard, Claudy le respectait car : « … pour moi, il
incarnait le chef de clan, le Patriarche ». Aux yeux de Claudy,
il était également un homme courageux qui avait su combattre et
défendre ses convictions et prendre le parti de des camarades.
Par
contre, Claudy conserva un excellent souvenir de son « pépère
Jacob’ » qu’il ne connut réellement que les 6 dernières
années de sa vie et qui le prenait souvent sur ses genoux ou,
l’emmenait au jardin et au pigeonnier. Lors des séances
« pigeonnier », son pépère l’initiait à la
colombophilie dans un jargon « flamingo-wallon ".
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Joseph
Denis Jacobs (Pépère Jacobs) - Archives Famille Bastin©
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Et,
que dire de sa « mémère Matil’ » ? Une sainte
assurément car, pour Claudy, elle n’a aucun défaut, … c’est
sa « mémère ». Il écrira d’ailleurs à son propos :
« Ma grand-mère, ma « mémère Matil’ » était
pour moi bien plus qu’une grand-mère, c’était la bonté, la
douceur, la sagesse, la patience, celle qui toujours pleine
d’attention, me protégeait, me soignait, celle qui malgré les
restrictions et pénuries que la guerre et l’après-guerre
imposaient parvenait toujours, grâce à une imagination débordante
a acquise par des années de vaches maigres, à me confectionner
l’habit manquant ou à rajeunir, en me susurrant à l’oreille
« vos s’rès co pus bia qu’vos coumarâdes ».
C’est
elle qui s’occupait de lui quand, il rentrait de l’école :
lui préparait un « quatre heures », lui faisait faire
ses devoirs, …
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Mathildis
Laureys (Mémère Matil) - Archives Famille Bastin©
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Claudy
sera toujours redevable à sa grand-mère maternelle de lui avoir
« inculqué les principes et obligations essentielles qui
régissent la vie ». « Mémère Matil’ » et
Claudy communiquaient entre eux en patois malinois. Patois que Claudy
comprenait et parla couramment jusqu’à l’âge de 12 ans.
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Claudy
à 2 ans - Archives Famille Bastin©
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A
la décharge de sa maman, Claudy écrira : « Rien ne peut
remplacer l’amour qu’un enfant est en droit d’exiger de sa
maman, mais la mienne, qui travaillait 6 jours sur 7, aux Émailleries
de Thiméon, ne pouvait hélas me consacrer que quelques moments
bénis, le soir et le dimanche après avoir terminé ses tâches et
ses corvées ».
Quand
à sa grand-mère paternelle Alphonsine, Claudy ne se souvient pas
l’avoir connue. C’est elle qui avait confectionné le drapeau de
la section courcelloise du Parti Communiste de Belgique.
Le
plus ancien souvenir d’enfance de Claudy date de l’école
maternelle de son quartier de Wartonlieu et avait pour nom Madame
Vilain, sa maîtresse d’école.
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Petite
communale école de la rue Durlet - Classe de Mme Vilain, la
flèche désigne Claudy - Archives Famille Bastin©
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Mais
de bons souvenirs, Claudy en a collationné une généreuse moisson.
Néanmoins, les meilleurs datent pour la plupart de son enfance et de
son adolescence.
Et
pourtant, Claudy est né pendant la guerre de 40. Mais, comme il le
disait si bien : « l’enfant que j’étais, ne se rendait pas
compte des difficultés de la vie sous et après l’Occupation. Par
exemple, je ne savais pas ce qu’était le beurre, je ne connaissais
pas le goût du beurre. Mes parents ne pouvaient se permettre que
l’achat de margarine. Bien plus tard, ma mère m’a fait une
tartine avec du vrai beurre. Cette grande première ne m’a pas
convaincu et j’ai demandé à ma mère que la prochaine tartine
soit tartinée avec du bon beurre. C’est-à-dire le seul «beurre »
» que je connaissais depuis ma prime enfance : la margarine. »
Enfant,
le petit Claude, ainsi que d’autres enfants du quartier, est
toujours à l’affût d’un moyen pour gagner « un petit
sou »pour s’acheter des bricoles : bonbons, petits
jouets,… . Pour ce faire, il ramasse des «mitrailles», des
vieilles étoffes qu’il revend au » mârtchand d’lokes »
qui achète du « fiêr et des lokes ».
Il
va également glaner du charbon au terril et rend de menus services
contre rétribution aux habitants du quartier.
Il
fait également partie d’une bande de maraudeurs qui écument les
jardins et vergers du quartier pour y récolter des fruits. En été,
quand c’est la saison des récoltes, la bande va à travers champs
ramasser des paumes de céréales et les pommes de terre laissées
sur les champs par les fermiers. En automne, c’est au tour des
betteraves sucrières.
Le
lundi 14 juillet 1945, la cigogne est de retour dans la famille
Bastin et dépose le petit René Bastin chez ses grands-parents
maternels au n° 38 de la rue Wartonlieu.
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René
Bastin junior - Archives Famille Bastin©
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Claudy
écrira à son sujet : "Dès notre déménagement à la rue
Basse, ... et malgré mon jeune âge..., je suis devenu très vite sa
nounou, avec tous les désavantages que cela pouvait comporter face à
ce "chufèrlu", adorable (quelques fois), mais combien
arsouille et têtu et qui essayait, vu l'absence des parents, à
m'imposer sa loi (souvent par la force!).
Après
l’école primaire (École du Trieu), Claude suit les cours
d'ajustage à l’Université du Travail à Charleroi. Mais, à
quatorze ans , fini l’école. Il entre comme « gamin» aux
«Ateliers de la Chaussée » à Pont-à-Celles . Là, il est
remarqué pour ses compétence en dessin industriel et monte
rapidement en grade en devenant"repiqueur" (aide-traceur).
Grâce
à cela, il sera engagé aux "Ateliers du Braibant" et
touchera 3 francs de l'heure de plus. Il y travaillera en qualité
d’aide-traceur jusqu'à la fermeture de l'établissement en 1957.
Le soir, Claudy fréquente l’École industrielle de Courcelles et
suit les cours de dessinateur et d'électromécanicien.
Malheureusement, il devra abandonné les cours du soir avant la fin
de la 3ème année. En effet, après la fermeture des "Ateliers
du Braibant", Claudy travaillera comme manœuvre pour son père
et souvent, ils rentrent trop tard du boulot. Ce qui empêche
Claudy d'arriver à l'heure pour débuter les cours.
Parallèlement,
Claudy se lance dans la réhabilitation et négoce de pneus à
la rue Durlet surtout le samedi et le dimanche. C'est son père qui
lui avait installé son atelier. Mon entrepreneur de père
avait toujours été reconnaissant envers Claudy qui, à cette
époque, lui avait fait crédit pour l'achat de pneus réchappés
pour son camion nouvellement acheter.
Claudy
était également sportif et faisait du culturisme depuis l'âge de
15 ans selon la célèbre « Méthode Duranton ». Notre
jeune courcellois pensait même à concourir pour le titre de
champion du Hainaut de Culturisme. Seulement, un accident de la
circulation l’en empêchera et l’exemptera du service militaire à
son grand regret. En effet, il eut le pied gauche écrasé suite à
un accident de la circulation.
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Claudy
en pleine préparation physique - Archives Famille Bastin©
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Suite
à cela, Claudy sera obligé d'arrêter son activité qui était
pourtant prospère. Sa convalescence et sa rééducation dureront
presque un an.
Après
son rétablissement, Claudy devient marchand de bière grâce au
capital alloué par l'assurance en dommages et intérêts pour son
accident. Nous sommes en 1960. Il est négociant pour la brasserie
« Roman », qui brasse de la bière et fabrique des
limonades dont une à base de cola assez décevante… à mon goût.
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Entrepôt
à la rue Wilmus, n° 41©
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Publicité
parue dans "La Petite Lanterne"
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C'est
à cette époque que Claudy fait la connaissance d'une jeune
italienne qui sera son âme sœur jusqu'à la fin de sa vie : Liliana
De Angelis née à Brescia, le 14 juin 1942. Ils habitaient tous deux
à la rue Basse et se connaissaient donc. Un jour, Claudy se décidera
à l'inviter à aller prendre un verre "chez Bobonne",
actuellement "Le Napoléon".
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Liliane
dans les années 60 - Archives Famille Bastin©
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Liliane
et Claudy se marièrent « pour le meilleur et pour le pire »
à Courcelles, le samedi 13 janvier 1962. Le mardi 4 juin 1963,
Liliane donnera naissance à un petit garçon prénommé Thierry. Et,
deux ans plus tard presque jour pour jour, Liliane met au monde une
petite fille prénommée Pascale. Nous sommes le dimanche 6 juin
1965.
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Anne-Marie
Jacobs et ses petits-enfants - Archives Famille Bastin©
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Après
15 ans de « brasseur », son pied Claudy se rappelle à
son bon souvenir et Claudy doit changer de métier. Le monde
brassicole et ses produits n’ayant plus beaucoup de secrets pour
lui, il ouvrira, aidé par son épouse Liliane, une des premières
brasseries thématiques : "Au Vieux Courcelles"
face à l'église du Petit-Courcelles. Ce fut un succès grâce à
la décoration réalisée à partir de vues anciennes de Courcelles.
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Le
"Vieux Courcelles" - Source inconnue
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Ensuite,
Liliane et lui reprennent le magasin Niltex", un commerce de
textile, rue Général De Gaulle. Mais, un incendie ravagera le
magasin. Les époux Bastin ont tout perdu. Alors, ils reprennent le
café "Le Métropole". Ensuite, ils reprendront le "Mouton
blanc".
Début
des années 80, ils ouvriront la taverne « La Posterie ».
On y servait une petite restauration et on y organisait une animation
musicale le week-end. Le « Big Jim’s Raghtime » s’y
produira et y sera enregistré en « live ». Des artistes
courcellois et des environs y exposeront. Notre ami Claudy fera
également brasser une bière spéciale par la Brasserie Dupont :
"La Gaillarde ».
Il
est bon de signaler que Claudy était très habile de ses dix doigts. A
chaque fois qu'il ouvraitun café, il faisait lui-même les travaux
d'aménagement. Notamment, c'est lui qui réalisa le bar de la
taverne "La Posterie" avec des briques du café "Le
Chasteler" qui avait brûlé quelques temps auparavant.
Ne
négligeons pas non plus l'aide apportée par Liliane, son épouse
aux affaires de son mari. C'est elle qui était aux fourneaux pour la
partie restauration et qui l'aidait également derrière le bar.
Pour
la petite histoire, le Centre culturel venait de s’installer dans
les bâtiments de l’ancien relais de poste courcellois sous
l’appellation de Centre culturel « La Posterie ».
Claude mettant à la disposition des artistes courcellois ses
cimaises et proposant des animations musicales, il y eut souvent
confusion entre les deux lieux. Si bien qu’Ernest Glinne, Député
européen et Échevin de la Culture, en prit « ombrage »
et lui demanda à plusieurs reprises de bien vouloir changer le nom
de son établissement. Et, à chaque fois, Claudy refusa. Cependant,
les deux hommes resteront en bons termes.
Entre
autres artistes, les peintres suivant exposeront à la
taverne-restaurant "La Posterie ": le gouytois Marcel
Dechamps, le trazegnien Jim Herman, le courcellois Waljé, …
En
1987, Claudy et Liliane décidèrent de partir s'installer au soleil
avec l'intention d'ouvrir un négoce proposant des bières belges à
la population locale. Leur choix se porte vers l'Andalousie. Mais,
les choses ne se passèrent pas comme prévu.
En
effet, notre couple a acheté un terrain dans le but d'y faire
construire des locaux pour leur négoce. Mais, les choses ont changé
en Espagne et il faut maintenant des permis de bâtir, ... Un
véritable parcours du combattant surtout pour des ressortissants
étrangers.
Après
quatre ans, le couple jette l'éponge et décide de rentrer en
Belgique au grand soulagement de Liliane contente de retrouver ses
enfants.
Rentrés
en Belgique, Claudy et Liliane s'installèrent à Trazegnies et
ouvrirent un commerce de fruits et légumes. A la fin de sa vie
professionnelle, Claudy vendit même des châssis. Notre entreprenant
courcellois cessera ses activités professionnelles en 1999.
Dynamique
et d'un naturel sociable, Claudy s'est beaucoup investi dans la vie
culturelle et locale de Courcelles. Il fit partie de plusieurs
comités de fêtes et d'associations de commerçants :
Membre
actif du Comité des Fêtes de Courcelles-Glacerie,
Membre
actif et Président du Comité des Fêtes
communales de Courcelles-Trieu,
Président
du Comité de Jumelage Courcelles-Guéméné,
Cofondateur
en 1970 de l'Association des Commerçants et Indépendants
courcellois,
Membre
actif et Président des Commerçants du Trieu.
Une
petite anecdote concernant le Comité de Jumelage du temps de la
présidence de Claudy. A l'occasion d’une rencontre entre habitants
courcellois et guéménois, il fut fait demandé à la population
courcelloise d’accueillir une délégation d’écossaise.
Plusieurs familles courcelloises donnèrent leur accord. Pour
l’occasion, certaines d’entre elles rafraîchirent leurs
intérieurs en l’ honneur de la délégation écossaise.
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La
"délégation écossaise" - © Archives
Famille Bastin |
Le
jour J, un comité d’accueil se rendit à la gare de Luttre afin de
prendre en charge la délégation écossaise. Quel ne fut pas son
étonnement quand, il s’aperçut que la dite délégation était,
en fait, composée de membres du Comité de Jumelage courcellois
déguisés. Certaines familles courcelloises trouvèrent la farce
saumâtre.
Claudy
était tellement engagé dans la vie locale qu’il incita même ses
enfants à y participer. C’est ainsi que son fils Thierry se
retrouva à faire le gille (Société « Vrais Amis
Courcellois ») et sa fille Pascale devint majorette. Si,
Thierry est toujours dans l’univers carnavalesque en tant que
musicien, Pascale a rapidement quitté l’uniforme de majorette car,
elle détestait ça.
Au
sein des associations de commerçants courcellois, Claudy fit parfois
preuve
d’activisme.
Par exemple à l’occasion de l’ouverture du magasin GB du Trieu
où, Claudy et quelques autres commerçants lâchèrent des souris
dans l’établissement en signe de protestation quant à
l’implantation de grandes surfaces à Courcelles.
Fin
des années 60, la commune de Courcelles décida de démolir les
anciennes écoles communales du Trieu pour en construire une neuve.
Cela suscita un tollé de la part de plusieurs commerçants de la
Place. C’est ainsi qu’Émile Trempont, Maurice Gantois, Jean
Duvivier, Richard Deweerd, Fernand Romain et Claudy élaborent un
projet de rénovation de la Place du Trieu avec maintien des
anciennes écoles communales et le proposèrent au Collège communal
de l’époque qui refusa le projet.
Politiquement,
c'est tout naturellement que Claudy s'inscrivit au PRL (MR) en 1975.
En
effet, à l'instar de nombreux travailleurs indépendants, il
estimait que ce parti défendait ses intérêts professionnels. Mais,
le Parti libéral va le décevoir et Claudy le fera savoir notamment
dans le petit journal publicitaire "Tan Que Vive". Et pour
les élections communales du 8 octobre 2006 , Claudy mit sur pied une
liste électorale dissidente appelée "Alternative Libérale
Courcelloise " (A.L.C.) dont, il est tête de liste. En
représailles, il sera exclu du M.R.
Après
avoir pris sa retraite, Claudy se pencha sur ses racines, nos
racines.
C’est
pourquoi, il se lanca dans la défense du wallon et participa avec le
C.H.A.D.W.E. aux campagnes pour la promotion du wallon à l’école.
Parallèlement, Claudy effectua des recherches et rassembla des
documents concernant l’histoire de Courcelles.
Membre
de l’Association littéraire wallonne de Charleroi, il publiera
quelques textes dans leur revue « El Bourdon d’Chalerwet »
de 2003 à 2005. Année où, il semble être tombé en disgrâce.
En
2005[sic], il crée avec le Docteur Louis Marcelle l’association de
fait dénommée « Patrimoine culturel wallon du Val du
Piéton ». Afin de se faire connaître, l’association
participe à de nombreuses fancy-fairs. Lors des réunions de
l’association Madame Nelly Degroot lisait des textes en wallon.
Claudy publiait des textes en wallon dans le toutes-boîtes « Tan
Que Vive » de Trazegnies sous le titre « Mech’nadje » :
istwères, quéntes, guèdins ded d’cî ».
Début
2006, le premier livre de Claudy est publié chez « Noir Dessin
Production ». Il s’agit du « Dico officiel des jurons
du Pays de Charleroi ». Au départ, Claudy avait présenté à
l’éditeur liégeois son « Encyclopédie des expressions
wallonnes usitées dans l’Ouest-Wallon ». Mais, ce dernier
jugea l'ouvrage peu rentable.
C’est
ainsi qu’après discussion, il fut convenu
de limiter le livre aux injures, insultes et expressions populaires
paillardes. La part d’éventuels bénéfices générés par la
vente de l’ouvrage devant revenir à Claudy devaient servir à une
future édition de l’encyclopédie. L’initiative ne plut pas à
tout le monde.
En
effet, dans un article intitulé «Une
bible des jurons en wallon du « bôrd dè Sambe » paru dans la
rubrique « Diagonale » du journal
«Le
Soir», les
auteurs
signalent
que Pierre Arcq, directeur d’« El Mojo des Walons » ) à
Charleroi ne voit pas d’un bon œil la parution de l’ouvrage car,
« c’est
la pire des choses qui pouvait arriver à une langue en déficit
d'image. Dans l'esprit de beaucoup de gens qui ne le connaissent pas
ou trop peu, le wallon est grossier. Il est dommage d'aller justement
offrir de lui cette vision caricaturale ! C'est niveler notre culture
et notre littérature par le bas ».
Mais,
les auteurs
de
l’article qui ont été conquis par l’ouvrage,
font
fis de cette remarque. En effet, ils
écrivent
que la lecture de quelques pages, prises au hasard, contredit les dires
de Pierre Arcq.
Une
séance de dédicaces de l’ouvrage eut lieu (ironie du sort) au GB
de Jumet (anciennement Priba 2000).
Cependant,
cet ouvrage desservira grandement notre ami Claudy quand, il
cherchera une aide financière pour l’édition de son encyclopédie
wallonne qu’il dut édité à compte d’auteur. Mais, cela
n’empêchera pas son passage dans l’émission de la RTBF
« Wallons, nous » pour parler de son ouvrage.
Le
20 décembre 2008, Claudy finalisa « Traces et mémoire »
retraçant la vie des familles Bastin et De Angelis ainsi que son
parcours de vie personnel. Cette petite plaquette était écrite à
l’intention de ses enfants et petits-enfants.
Enfin
en 2010, Claudy publie son « Encyclopédie des expressions
wallonnes... ».
Quelques
temps après, sa production livresque va s’emballer…
2012
/ Parution de « Wartonlieu » et de « Bières,
Brasseûs, Brassènes »
2013
/ Parution de « Fosses èt foss’tîs » et du
« Dictionnaire français-wallon de l’Ouest-Carolo»
2014
/ Parution de «Commémoration du centième anniversaire de la
mort du soldat français Jean Friot abattu au début de la Première Guerre Mondiale sur le territoire de la Commune de Courcelles
2015
/ Parution de « Brûtadjes » = « Bruissements »
2016
/ Parution de « Églises, temples et chapelles » et de
«Recueil biographique de nos scryeûs
wallons de l’Entité de Courcelles »
2018
/ Parution de « Courcelles et ses 4 villages en images »
En
2013, Claudy fait campagne pour honorer la mémoire d’un ancien
mineur devenu sénateur, le socialiste Joseph Vanderick en plaçant
une plaque commémorative à l’endroit qui l’a vu naître. C’est
à dire au n° 149 de la rue qui porte son nom. Ce fut chose faite le
23 mai 2013 en présence d’une délégation du Collège communal de
Courcelles et d’une amicale
de mineurs.
Le
même jour, Claudy présenta son livre « Fossès et Foss’tîs
au Centre culturel de Courcelles devant un public venu en nombre.
Pour l’occasion, une exposition sur la mine et les mineurs se tint
du 25 au 31 mai.
A
un moment donné, Claudy se dit qu’il manquait un cercle d’histoire
à Courcelles. Il en parle autour de lui afin de former une équipe.
Au début, trois personnes répondent à
son appel et se réunissent début octobre 2014 pour former les bases
d’un cercle d’histoire. Le 11 décembre 2014, un courrier est
envoyé à l’Administration communale pour l’informer qu’un
cercle d’histoire est né dont, le président se nomme Claude Louis
Bastin.
Leur
premier bulletin sera présenté à la « Maison de la Laïcité »
de Souvret en novembre 2015 en présence de nombreuses personnes.
Mais, c’est le 11 mai 2016 que naquit juridiquement le « Cercle
d'histoire de l'Entité de Courcelles» en faisant paraître ses statuts au Moniteur
belge.
En
mars 2016, Claudy créa « L’Escole du Wallon » et
organisa des cours (tables) de wallon. Les cours se tenaient tous les
3ème samedis du mois en matinée à la « Maison de la
Laïcité » de Souvret. Un dizaine de personnes y assistaient
dont, Madame Monique Cambier, veuve du metteur en scène
ex-souvrétois René Rapin (5) Les cours étaient gratuits.
Avant
de terminer cet article, revenons un instant sur la personnalité de
Claude Louis Bastin. Claudy était un homme gentil, travailleur,
très aimable et très sociable. Mais, il « n’avait de porte
derrière » et quand quelque chose lui déplaisait, il le
faisait savoir haut et fort. Ce qui n’était pas toujours du goût
de certains et, cela lui valut quelques inimitiés. Claudy était un
père sévère mais, aimant et juste. Il ne tolérait pas que l’on
manque de respect à Liliane son épouse. Il était aussi un homme de
traditions et aimant son « tayon ».
Mais
malgré son amour pour sa commune, il aimait voyager. A la question :
quel est ton meilleur souvenir avec Claudy ? Liliane a répondu :
« Il y en a eu beaucoup mais, le meilleur restera notre voyage
en Thaïlande. A la même question, sa fille Pascale a répondu :
LUI. Car, je l’aimais, je l’admirais, il
était mon Dieu.
Quant
à Thierry, il se souvient d’un jour de ducasse sur la Place du
Trieu où, il avait demandé à son père un peu d’argent de poche
pour aller sur les manèges. Légèrement éméché, Claudy lui donna
la somme de 2 000 francs belges (49,60€). Cela faisait beaucoup
d’argent et Thierry rendit les sous le lendemain à son père, qui
fut tout étonné d’avoir été aussi généreux. Et, ses enfants
lui seront éternellement reconnaissants pour l’éducation et
l’amour qu’il leur a donné
et, les choses qu’il leur a appris.
Son
amour pour le Wallon et pour le passé de sa commune, étendu à
l’ensemble de l’Entité de Courcelles, l’a
poussé à nous le faire partager en réalisant plusieurs ouvrages.
Le moins que l’on puisse dire et écrire est
que Claudy, contrairement à certains,
avait
dépassé l'esprit de clocher qui existe encore dans les communes de
l'Entité de Courcelles.Nous pouvons lui en être reconnaissant.
Même,
si certains ouvrages racontant la vie dans nos communes peuvent
parfois laisser apparaître quelques approximations ou informations
erronées, … ils ont le mérite d’exister et sont le fruit de
longues recherches. Cependant, il est loisible à tout un chacun,
après avoir lu les livres de Claudy, d’approfondir les sujets
évoqués et d’apporter des corrections et ou de nouveaux éléments
d’information s’il échet.
Claude
Louis Bastin est décédé le lundi 8 octobre 2018 suite à un cancer
foudroyant. Ses funérailles eurent lieu le samedi 13 octobre 2018.
Remerciements
Je
tiens à remercier très chaleureusement la famille Bastin d’avoir
partagé avec moi leurs souvenirs et de m’avoir permis d’accéder
à des documents inédits. Et surtout, d’avoir du supporter pendant
des heures le grand bavard qui est l’auteur de cet article. Pour
terminer, je reconnais qu’il y avait certainement encore plein de
choses à dire concernant Claudy mais, … une autre fois,
peut-être ?
Notes
(1)
Anna-Maria Jacobs, née à Berlaar, le 28/02/1915 et décédée à
Overijse, le 12/01/1996. Ouvrière en émaillerie (Gosselies et
Thiméon), elle avait commencé à travailler à l'âge de 13 ans aux
"Ateliers Laurent" (flaconnerie) à Miaucourt
(2)
René Bastin, né à Gelsenkirchen (Allemagne), le 26/12/1917 et
décédé à Gosselies, le 22/11/1994. A commencer à travaillé
comme "gamin" aux "Fonderies Léonard" à
Courcelles. Après la 2ème guerre mondiale, il devint marchand de
charbon et de mazout ainsi que transporteur.
(3) René
Rapin : Montignies-sur-Sambre, le 26/03/1927 –
Gosselies, 05/11/2007.
Il a
été, entre autres, le metteur-en-scène de la troupe de théâtre
de la Maison du
Peuple
de Souvret « Le Lys rouge ». Les dernières années de sa
vie, il a vécu à
Trazegnies.
Il était un metteur-en-scène très réputé.
Sources
biographiques
Entretiens
avec Claudy, Liliane, Pascale et Thierry Bastin
Bastin,
Claude Louis
Brûtadjes
= Bruissements / ill. Madi
.
- Trazegnies : chez l'auteur, 2015
.
- 283 p. ; ill.
Recueil
biographique de nos scryeûs wallons de l’Entité de Courcelles
.
- Trazegnies : chez l’auteur, 2016
.
- 213 p. : ill.
.
- pp. 21-26 : ill.
Traces
et mémoire
.
- Trazegnies : chez l'auteur, 2008
.
- 50 p. : ill.
.
- Tiré en 20 exemplaires
Herin,
Jean-Claude
« L’Escole
du Wallon ! » de Claude Bastin
in
« L’avenir »,
Dimanche
17/04/2016, p. 11 : photo
I.S
Jurons,
mais alors en wallon!
In
« La Dernière Heure »,
Mardi
25/04/2006
Lorent,
Pascal et Albin, Didier
Une
bible des jurons en wallon du « bôrd dè Sambe »
in
«Le Soir »
21/04/2006,
p. 10
M-JH.
Commémoration
Joseph Vanderick
in
« Ki,Kwa,Où »,
5e
année, n° 47, 06/2016, p. : photo
Fossès
èt Foss’tîs
in
« Ki,Kwa,Où »,
5e
année, n°47, 06/2016, p. : photo
Romain,
Roger (RoRo)
https://romaincourcelles.wordpress.com
COURCELLES
: élections communales : l'ALC, sale coup pour le Mr...
.
- 03/08/2006
COURCELLES:
Les choses pètent entre les libéraux courcellois: on fait les
comptes AVANT les élections
.
- 12/08/2006
COURCELLES:
élections: Le site de l’ ALC
.
- 12/09/2006
COURCELLES
: c’est en mémoire d’un vieux communiste courcellois, retracé
par son petit-fils, Claudy BASTIN … Et c’est bien volontiers …
!
Lorent,
Pascal et Albin, Didier
Une
bible des jurons en wallon du « bôrd dè Sambe »
in
«Le »
21/04/2006,
p. 10
Bibliographie
Monographies
Bastin,
Claude Louis
Bières,
Brasseûs, Brassènes
.
- Trazegnies : chez l’auteur, 2012
.
- 239 p. : ill.
Brûtadjes
= Bruissements / ill. Madi
.
- Trazegnies : chez l'auteur, 2015
.
- 283 p. ; ill.
Courcelles
et ses 4 villages en images ; Gouy-lez-Piéton, Souvret,
Trazegnies
et Courcelles
.
- Trazegnies ; chez l'auteur, 2018
.
- 591 p. : ill.
Commémoration
du centiuème anniversaire de la mort du soldat français Jean Friot
.-
Trazegnies : Chez l’auteur, 2014
.
- 74 p. : ill.
Dico
officiel des jurons du Pays de Charleroi : injures, insultes et
expressions populaires paillardes
.
- [Liège] : Noir Dessin Production, 2006
.
- 192 p.
Dictionnaire
français-wallon de l’Ouest-Carolo
.
- Trazegnies : chez l’auteur, [2013]
.
- 348 p. ; ill.
Encyclopédie
des expressions wallonnes de Claude Bastin
.
- Trazegnies : chez l’auteur, 2010
.
- 381 p. : ill.
Recueil
biographique de nos scryeûs wallons de
l’Entité de Courcelles
.
- Trazegnies : chez l’auteur,
2016
.
- 213 p. :
ill.
Wartonlieu,
impérial fief de Hamal
.
- Trazegnies : chez l'auteur, 2012
.
- 229 p. : ill.
Articles
Revue du "Cercle d'Histoire de l'Entité de Courcelles"
Georges Glineur, grand courcellois ayant dédié sa vie au service de ses concitoyens
1ère année, n° 1, 11/2015, p. 59 : ill.
La Ferté,
2ème année, n° 2, pp. 16-29 : ill.
Jean Ransy,
2ème année, n° 2, pp. 39-41 : ill.
Les écoles de Courcelles-Trieu,
3ème année, pp. 35-38 : ill.
Hommage à nos grands hommes : Alfred Lombard / avec la collaboration et les travaux de Luc Heuchon
3ème année, n° 3, pp. 89-92 : ill.
Les Forges de Courcelles-Centre / photographies de l'intérieur des Forges de Jean-Marie Vandermueren
4ème année, n° 4, pp. 17-34 : ill.
Vî Tchapia,
4ème année, n° 4, pp. 35-37 : ill.
Lucien Delbèque, un grand homme,
4ème année, n° 4, p. 94 : ill.
Auteur
: Luc Heuchon
Reproduction
partielle du texte autorisée à condition de citer la source. Pour
les documents photographiques concernant la famille Bastin-De
Angelis, l'autorisation de reproduction des photos est à demander à
la famille. Pour les photos tirées du KI, KWA, OU, autorisation à
demander à l’imprimeur Fabrice Houze de Trazegnies